Romain Borghi, 29 ans, travaille depuis 2005 aux espaces verts de la ville de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), quatre matinées par semaine. Il aime "ramasser les feuilles d'automne" et côtoyer "Loïc, Marc, Cécile et Audrey", ses collègues, dit-il à l'AFP.
Pourtant, il n'a pas été simple de sortir de l'univers "protégé" des Esat, ces établissements médico-sociaux qui proposent des activités professionnelles aux handicapés, où il s'ennuyait à faire de la reliure ou "compter des enveloppes". La commission départementale compétente l'avait d'abord jugé "inapte à travailler en milieu ordinaire, parce qu'une psychologue avait jugé que c'était mon projet, et pas le sien" et il a fallu engager un recours, relate sa mère, Sylvia Gaymard.
Finalement, il a été embauché il y a huit ans, d'abord en renfort, et titularisé en 2010. Il prend seul deux autobus pour Bagnolet depuis la ville voisine deMontreuil, où il vit en famille. Son métier "l'épanouit vraiment dans les relations sociales, lui donne fierté et confiance en lui", constate sa mère.
Mais depuis quelques temps, "on commence à avoir des difficultés pour l'encadrement de Romain, les agents fatiguent un peu", indique l'une des responsables des espaces verts, Marielle Decroix.
"Il peut ramasser les feuilles, balayer les allées, faire de la manutention. Mais pour tout ce qui est précis, plantations, désherbage, taille, arrosage, il faut être à côté de lui, sinon au bout de cinq minutes, il ne fait plus attention", explique Loïc Blavet, qui fait souvent équipe avec lui. "Nous, on n'est ni éducateurs ni formateurs, on est jardiniers".
Son employeur est donc en train de lui chercher un "tuteur" pour l'aider dans son travail.
Pour les aider à financer des auxiliaires de vie, les employeurs de la fonction publique peuvent faire appel au FIPHFP, et le privé à l'Agefiph, deux organismes pour l'insertion.
Accompagnement à la vie sociale
Un accompagnement à la fois de la personne et de son employeur est "indispensable" pour une intégration professionnelle réussie, estime Jacques Daniel, président de la fédération Trisomie 21 France, qui organise dimanche la journée nationale de la trisomie. "Ce sont des personnes qui ont une déficience cognitive, des difficultés de communication, l'entreprise ne peut se contenter de les mettre dans un poste et ensuite de dire +ça marche ou ça ne marche pas+".
Environ 60.000 personnes en France sont atteintes de trisomie 21 (un cas pour 2.000 naissances). Mais "il y a sans doute moins de 500 adultes qui travaillent individuellement en milieu ordinaire", selon M. Daniel.
Certains relèvent toujours statutairement d'un Esat, dont l'association gestionnaire organise un accompagnement.
C'est le cas d'Elsa, 39 ans. Il y a trois ans, elle a quitté Eymoutiers (Haute-Vienne), où elle faisait de la blanchisserie dans un Esat et était hébergée en foyer pour adultes handicapés, pour travailler à mi-temps en périphérie de Limoges dans une chaîne de restauration rapide. Elle vit seule dans un appartement du centre-ville.
Des "accompagnateurs d'insertion" de l'association Trisomie 21 l'encadrent dans sa vie sociale et au travail, où ils vont la voir au moins une fois par semaine.
"Au début je n'étais pas tout à fait partante pour la laisser se débrouiller toute seule dans Limoges", se souvient sa mère, Thérèse Valente, qui habite dans le département voisin de la Creuse. "Mais ce se passe très bien, elle est devenue plus autonome". Elsa reçoit sa mère le mercredi soir, et va passer les week-ends en famille.
"Elle a pris de l'assurance au niveau de ses tâches professionnelles et cela lui a donné confiance en elle. Aujourd'hui, ses relations sociales sont plus faciles", constate Lise Rousset, une de ses accompagnatrices.
Sem comentários:
Enviar um comentário